Mari Boine Persen, une voix venue du froid

      Mari Boine Persen est une chanteuse norvégienne d'origine sami, née en 1956, dans le comté de Finnmark à l'extrême Nord de la Norvège, en Laponie. Sa musique fusionne le chant traditionnel des Samis, le "joik", avec des sonorités plus actuelles qu'elles soient pop ou plus électro.


      Les Samis, également appelés "Sames" (ou "Lapons" en français), sont un des plus importants peuples autochtones d'Europe dont l'installation s'étend du Nord de la Scandinavie au Nord-Ouest de la Russie. Ils partagent des dialectes d'origine finno-ougrienne, tout comme certains peuples de Sibérie orientale avec qui ils ont en commun une lointaine parenté, que l’on retrouve également dans leurs musiques.
      Comme de nombreuses populations indigènes avant eux, les Samis ont été confrontés à un véritable génocide culturel : interdiction de la pratique de leur culte, proche du chamanisme, interdiction de leur musique, qualifiée par les missionnaires chrétiens de "musique du Diable", etc… Dès la fin du 17ème siècle, le chant traditionnel "joik" est prohibé. Les tambours qui l'accompagne sont brûlés. Heureusement, malgré l’interdiction, de nombreux chants ont été transmis jusqu’à nos jours .


      Le joik, chant à vocation spirituelle, chamanique, est exécuté a cappella ou parfois accompagné du tambour traditionnel. Il peut prendre des formes variées en fonction de l'origine géographique des tribus samis qui l'ont créé. Chez les Samis, le chant a pour fonction de décrire l'essence d'une personne, d'un lieu ou d'un animal. Par conséquent, si certains joiks sont constitués de paroles compréhensibles, ils se caractérisent par l'utilisation d'interjections, de murmures et d'imitations de cris d'animaux scandés à plusieurs reprises sur une pulsation en rythme. Le joik est donc en grande partie un chant improvisé par le joiker. Pour les amateurs de musique traditionnelle, on retrouve dans le joik les sonorités gutturales des chants des Amérindiens ou des Inuits ou encore des peuples autochtones de Sibérie.
      Revenons à Mari Boine Persen : celle-ci commence à enregistrer en 1986, mais c'est avec son deuxième album « Gula Gula » qu'elle rencontre le succès international. Avec ses textes engagés, elle devient l'ambassadrice artistique des Samis et même une icône internationale de la lutte des peuples autochtones en faveur du respect de leurs traditions culturelles. Mari Boine s’aventure ainsi sur d’autres territoires musicaux en empruntant les instruments traditionnels d’autres peuples, comme les flûtes andines, le charango, les percussions africaines, etc. Tout en conservant le fonds de tradition ancestrale sami (chant de gorge joik et pulsation au tambour rituel), Mari Boine le réactualise en l’accompagnant d’instruments contemporains : guitare acoustique ou électrique, basse et synthétiseur. Elle puise aussi ses influences dans les genres musicaux actuels : pop, rock, jazz et même électro puisqu’elle a sorti un album intitulé « Remixed » en 2001 où des DJs retravaillent ses compositions.

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Albums de Mari Boine Persen
disponibles à la médiathèque

En collaboration
avec le saxophoniste
Jan Garbarek
                                             http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=567262.titn.





Et pour en savoir un peu plus sur le joik sami :
 

Pause Musicale février 2015

Tous les premiers mercredi et samedi du mois à 12h30 à la Médiathèque Valery-Larbaud, un moment de détente pour écouter quelques œuvres d'un répertoire concocté avec passion. Vous pouvez venir avec votre casse-croûte, c'est gratuit et le café est offert.

Retour sur les concerts du mercredi 4 et samedi 7 février.
Trio de cuivres : œuvres de Bruckner, Kocsar et Bozza avec Arnaud Falipou (tuba), Céline Bartassot et Gildas Vallée (trombone).

Bandits ! chansons de brigands, de gangsters et de bad men (café musical #2)

     Au cours de ce second café musical, nous aurons croisé des bandits héroïques en Roumanie (Corbea le Haïdouk) et d'affreux méchants dans l'Ouest américain (l'impitoyable Stagger Lee), des contrebandiers défrayant la chronique populaire au Mexique (Corrido de Juan Garcia) et les intrépides cangaceiros du Nordeste brésilien nourrissant un abondant folklore (Mulher rendeira). Dans les ghettos noirs et latinos posent de vrais-faux gangsters (Joe Cuba, les musiques funky du cinéma "blaxploitation"), tandis que les rappeurs français s'inventent de sombres polars (Pucc fiction) ou méditent sur l'opportunité de la violence et de la criminalité (Deux issues). Enfin, quand ils ne poussent pas eux-même la chansonnette (tel le braqueur de train Ronald Biggs avec les Sex Pistols), les gangsters savent à l'occasion se montrer des patrons mélomanes et des mécènes généreux -en témoigne dans les années de prohibition le célèbre Cotton Club qui vit défiler Cab Calloway et toute la crème du jazz...
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=569651.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=570885.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=734905.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=645776.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=696910.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=735815.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=573693.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=633676.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=774668.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=572108.titn.

Drôles de voix (parlé/crié/chanté) #2 : esthétique du cri


Esthétique du cri 
En deçà même de la parole et du langage, la ponctuation de cris ou d'exclamations peut pleinement participer à la performance musicale. Songeons par exemple au "olé!" flamenco et aux youyous des femmes dans les musiques arabo-berbères. Manifestations de joie et de soutien aux musiciens ou expression spontanée d'une émulation entre les participants, ils sont typiques de leur répertoire et la musique perdrait sans eux une bonne part de sa saveur !

Olé! flamenco et youyous berbères

Plus encore qu’un accompagnement dynamique, le cri présente parfois un aspect esthétique qui peut, grâce à une simple mise en place rythmique, faire œuvre musicale à lui seul.
Les Inuits offrent ainsi avec le "katajjaq" d'étonnantes joutes vocales au cours desquelles il s'agit de déstabiliser rythmiquement l'adversaire : curieux croisement entre "je te tiens par la barbichette" et performance musicale, à base de soufflements, de cris et d'imitations animales.


Chants de gorge katajjak des Inuits

Le chœur "kecak" balinais est quant à lui un très impressionnant édifice polyphonique, dans lequel le cri constitue le matériau musical lui-même : l'exclamation "tchak !" est ainsi utilisé comme motif de base pour toute la composition (vous en verrez un très beau en clôture du spectacle des "Aventures du Prince Rama", disponible en DVD à la médiathèque).

Choeur kecak de Bali

Plus proches de nous sont les imitations animales utilisées par Adriano Banchieri dans son "contrapunto bestiale alla mente", drôlatique madrigal qui s'inscrit dans la même veine que les "Cris de Paris" mis en chanson par un Clément Janequin. A la Renaissance, les compositeurs ne répugnaient pas à mêler art et humour...


Passablement déroutant pour des oreilles occidentales (mais il n'est plus temps de nous effaroucher), entre ponctuation rythmique, jeu de timbres et texture sonore participant à installer l’ambiance, on peut citer les cris modulés et les interjections stylisés des joueurs de tambours du fascinant théâtre . Dépaysement garanti !
http://www.ina.fr/video/CPF86655097
 A voir ici sur le site de l'INA, l'étrange théâtre nô


Dernier exemple a contrario avec les appels mongambi utilisés par les chasseurs Pygmées de Centrafrique, qui leur servent à se localiser dans la forêt. Ceux-ci présentent en effet des motifs mélodiques remarquables, caractérisés par de grands sauts d’intervalles, et requièrent une intonation particulière : utilisation de la voix de tête (ou falsetto) et passages rapides de la voix de tête à la voix de poitrine (ou yodel) –c’est-à-dire des techniques vocales qui sont celles-là mêmes dont ils usent dans leurs extraordinaires chants polyphoniques. Mais si le matériau vocal est semblable, ces appels sophistiqués ne sont pas pour autant considérés comme étant de la musique : faute d’organisation rythmique spécifique, ils relèvent pour eux simplement des techniques de chasse.

 
Appels de chasse...

 
... et polyphonies des Pygmées Aka

On peut donc faire là de la musique avec des moyens réduits (souvenons-nous de la psalmodie), et ailleurs déployer un arsenal sonore remarquable à une toute autre fin que musicale !

Pour finir… 
Parole, cri, chant : la musique est partout, et cette ébauche de voyage musical ne demande évidemment qu'à se prolonger dans les bacs de la médiathèque...

Terminons, s’il était encore besoin de prouver la continuité de la parole et de la musique, en rappelant la scène étonnante où, dans le documentaire qui lui est consacré par Yves Billon, le magicien des sons Hermeto Pascoal improvise au clavier sur des motifs tirés d'une simple phrase prononcée par Yves Montand.